mercredi 6 août 2008

Ouverture de programme à Surin

Surin...Ville de la région de l'Issan, la plus pauvre de la Thaïlande. Objectif: visiter trois écoles dans lesquelles nous pourrions ouvrir un programme de parrainage! Et c'est en nuit de bus que je me suis rendue: départ 22h, arrivée 4h30 le matin! A mon arrivée, je me suis "précipitée" en guesthouse pour finir ma nuit...j'ai donc dû réveiller à 4h30 le propriétaire de la guesthouse, le pauvre! Mais il m'a accueillit si gentiment, en m'offrant une tasse de thé! C'est si rare d'avoir un si bon accueil à cette heure là...et il commençait à me raconter sa vie, moi qui ne pensait qu'à me glisser dans mon lit...
Quelques heures plus tard passées dans les tréfonds du sommeil, j'étais dans la voiture de Siwa, responsable de 5 programmes et de deux autres thaïs...nous voilà en route pour visiter trois écoles en 2 jours!
Je vais essayer de vous raconter ces quelques rencontres de familles de futurs filleuls qui m'ont frappées:
-Theerapong est un petit garçon de 8 ans. Je suis allée lui rendre visite chez lui, avec sa mère. Sa mère avait l'air si vieille et si peu aimable! Elle s'est mariée une première fois, a eu une fille. Son mari est mort, elle s'est remariée et a eu Theerapong. Son deuxième mari est devenu moine bouddhiste. Elle s'est mariée une troisième fois. Siwa a demandé à l'enfant si on le battait...Sa mère lui a dit qu'une fois, Theerawong avait volé 100 baths (2 euros), et du coup, son beau père l'a battu! Quelle histoire...Sa mère avait tellement l'air aigrie et malheureuse et lui, si triste... Comment un enfant peut s'épanouir dans un tel environnement?

-Ubonrat est une petite fille de 8 ans aussi. Son histoire n'est pas des plus réjouissante...Ses parents ont divorcés il y a un mois et demi. Quand sa mère a appris que son mari avait une liaison ailleurs, elle était si triste qu'elle s'est pendue. Quelqu'un l'a trouvée inconsciente et l'a amenée à l'hôpital. A l'hôpital, elle était considérée comme décédée. Elle avait auparavant donné son corps à la science. Le médecin venu pour lui prendre ses organes a vu que finalement son pouls battait. Ils l'ont donc réanimée. Pour sa famille, elle était déjà morte. J'ai vu cette femme et ses deux petites filles, cette femme qui était assise, le regard dans le vide, des marques au cou... Toute la famille vit chez la grand mère d'Ubonrat. Cette grand mère qui semblait si confiante, si simple et courageuse! Son mari est aveugle, sa fille a tenté de se suicider mais elle veille et s'occupe de ses petits enfants...

-Ratchaneekorn a 13 ans. Son père est décédé il y a longtemps, sa mère s'est remariée. Quand sa mère s'est remariée, elle a dit à sa fille "tu peux venir habiter avec nous, je vais demander à mon nouveau mari". Mais le nouveau mari n'a pas voulu de Ratchaneekorn. Depuis cela (cela fait 11 ans), sa mère est venue lui rendre visite deux fois. Ratchaneekorn lui a téléphoné une fois, depuis, sa mère a changé de numéro! Ratchaneekorn pleurait doucement quand nous lui parlions de son histoire...J'avais envie de lui prendre les mains et de lui dire que nous allions faire de notre mieux pour l'aider! Mais au fond, rien ne remplace une mère...J'avais devant moi une petite fille blessée pour toujours...et tout ce que je pourrais faire n'y changera rien! Il est des blessures qu'on ne peut guérir! Elle vit avec sa grand mère qui s'occupe de cinq petits enfants dont les parents sont partis... Ah, ces grands parents sont des personnes formidables de par leur sens du dévouement familial.

Ces trois rencontres sont celles qui m'ont le plus marquée...Mais au plus profond de la misère humaine, des souffrances de l'homme (je crois que le pire, c'est la souffrance d'un enfant), la vie prend le dessus et continue! J'ai été toute attendrie par la famille d'une autre future filleule où un bébé était né il y a cinq jours, il dormait dans un hamac dehors...

Ainsi, la vie continue...

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